Festival de l’Imaginaire : 14 ans de « fond »

Après 13 ans d’un premier élan qui ne s’est jamais essoufflé, le Festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix prend un nouveau virage.
Celui de la « Geek Family et Autres Mondes » à Saint-Cannat, le 15 octobre prochain. J’y reviendrai…
Mais c’est l’occasion de revenir aussi sur les vocations et les actions de ce dispositif que j’ai suscité et coordonné depuis ses débuts.

Genèse « Imaginaire »

Lorsqu’on n’évoque le Festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix, on pense immédiatement au salon littéraire qui le ponctue.
Salon où le public, tous les publics – des plus jeunes jusqu’aux plus âgés, des convaincus aux curieux, sans oublier ceux « par hasard » – peuvent rencontrer des auteurs et découvrir les Littératures de l’Imaginaire.

Avec ces spectacles et ces animations, c’est la partie immergée d’un travail de fond qui dure depuis 14 ans sur le terrain. Travail récurrent qui a finalement fondé un public fidèle. Y compris auprès de ces « jeunes qui ne lisaient pas ».

En 2009, tant que chargé de mission Lecture Publique du Pays d’Aix (désormais au sein de la Métropole Aix-Marseille-Provence depuis 2016), ma mission première n’était pas de créer un salon. Mais bien d’imaginer, de proposer et de réaliser sur le terrain et auprès des médiathèques d’une bonne vingtaine de communes des dispositifs qui incitent les scolaires des classes primaires à lire pour le plaisir et…
À fréquenter les bibliothèques ou médiathèques !

Premières fondations

Pour autant, c’était un pari intéressant de se saisir d’un support a priori purement événementiel ( un salon ) pour fonder un dispositif de terrain et de fond sur la durée : des rencontres d’auteurs après lecture d’un de leur roman.
Ce pari permettrait d’attirer des jeunes écoliers à la « Lecture pour le Plaisir », aux travers de genres qui les séduisent. Et de leur insuffler ainsi l’envie de découvrir des romans et de les fréquenter de manière plus assidue, au sein d’établissements dédiés.

L’idée était bien de faire de l’événement ponctuant (le salon avec ses animations et ses rencontres) non plus un but en soi mais le prétexte à fonder toute la dynamique qui permettrait sur plusieurs communes d’amener tout un public familial aux plaisirs et richesses de la lecture.

Ainsi, au travers du Festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix, a été établi en impératif le dispositif récurrent de rencontres avec des auteurs après que les élèves de CM1 et de CM2, voire de collèges.
Suivant immédiatement les rencontres dans les classes et via les enfants, le salon devient aussi point de focalisation pour amener les parents à ces Lectures.

Les Seigneurs des anneaux

Évidemment, les auteurs des rencontres forgent les anneaux d’une chaine qui encrent-ancrent un véritable retour vers le futur des lecteurs et des futurs lecteurs devenus des inconditionnels.

Car ce pari sur les auteurs et leurs relations aux jeunes lecteurs se fonde aussi sur cet aller-retour : les rencontrer une fois, les inciter à revenir plusieurs fois.

Vœu pieux devenu une réalité au fil des salons !

Non seulement les jeunes lecteurs concernés par les rencontres scolaires reviennent voir (et lire…) l’auteur qu’ils ont rencontré l’année précédente. Mais beaucoup se fidélisent sur plusieurs années, tout en lisant entre les salons.

Ainsi, en 2015, Cécile Duquenne écrit tout exprès pour le salon un roman destiné aux rencontres scolaires avec les 10-12 ans…
Au fil des ans, et 6 ans après encore, ces primo-lecteurs du premier tome de la Saga «Penny Cambriole» reviennent pour acheter les tomes suivants… Mais aussi pour rencontrer d’autres auteurs et d’autres mondes, à lire.

Nous pourrions multiplier cet exemple au moins d’un auteur chaque année. Que d’anecdotes rapportées en ce sens par Jean-Luc Bizien, Estelle Faye ou d’autres…

Passé de 11 à 17 ou 18 ans, ces moins jeunes lecteurs lisent désormais tout au long de l’année des livres « adultes »…Et comme 12 + 13 = 25… De jeunes adultes reviennent aussi chaque année sur les lieux du forfait littéraire que nous avons perpétré et surtout récidivé.

Si la crise sanitaire et les contraintes imposées ont réduit la fréquentation des deux deniers salons, les chiffres prouvent que ce sont bien les auteurs jeunesse (et les auteurs déjà venus dans les classes les années précédentes) qui ont eu les faveurs des lecteurs, (re)venus approvisionner passionnément leur PAL (pile à lire).

Conclusion chronique

Encore une fois, cette petite chronique professionnelle sur « 14 ans de salon » prouve par expérience que, moins que l’événementiel évanescent seul, c’est bel et bien un travail de fond qui s’inscrit sur la durée et la fidélité avec les publics qui fonde des résultats efficaces et durables en Lecture Publique.

Et, quel meilleur résultat que de prouver aux adultes qui pontifient le contraire ou aux jeunes qui les croient que la lecture peut passionner les jeunes (même les garçons…) !

Et que les médiathèques leur sont bien ouvertes.

© Georges FOVEAU – Mai 2022

Laisser un commentaire

(*) Obligatoire. Votre email ne sera pas publié