Hasards qui désécrivent…

Certains hasards récurrents poussent à désécrire.

Ou à ne pas écrire du tout.
Ces hasards insolents et inopportuns qui vous mettent sous les yeux…
Vos meilleures idées (bien) écrites par un autre plumitif édité !

Oh, combien de fois, j’ai abandonné un texte, y compris alors que je palimpsestais une énième version, parce que mes yeux aveugles au principe de précaution lisaient ailleurs ce que j’essayais de mettre en mots…

Oh Lecteur, tu ne remercieras jamais assez Jim Harrison d’avoir génocidé au moins une vingtaine de textes que j’aurais pu t’infliger !

Coup du sort,
le soir…

Ce genre de sinistre vient encore de m’affliger !
Sur un projet que je mûris lentement, depuis cet été.
Un projet original et particulier qui me tient très au cœur.
Mon dernier Grand Œuvre.
Mon premier, insinueront les perfides et les jaloux.
Un projet sur lequel, j’ai sollicité depuis janvier l’aide débloquante d’un ami discret mais efficace.

Qui, du coup, se transforme en « Témoin Magnifique » !
J’y reviendrai.

Écœurant, non ?

Car, avant-hier soir, en traitre dans mon lit, un autre auteur est venu déniaiser une idée qui était un des ressorts originaux de mon prochain roman.
De plus, il n’y avait aucune raison pour que je lise ce recueil de nouvelles de cet autre.
Si ce n’est que j’avais vu l’adaptation cinématographique d’un de ses romans étranges. Et que j’ai aimé le film et l’histoire.

Écœurant !

Car j’étais très fier de l’originalité de cette idée.
Elle impulsait un ressort de mise en abîme de l’écriture, au sein de mon récit déjà très référencé (volontairement) à d’autres créations littéraires.
Je m’en suis réveillé dépité. Prêt à essayer de trouver une autre idée que la mienne si bonne, piratée par antériorité par un auteur qui en fait autre chose que mon habile abîme…

Courir
sur le haricot

La mésaventure me courant sur le haricot, incapable d’inventer dans l’immobilité, je me suis donc botté les fesses avec mes « runnings », hier au crépuscule.
Pour aller courir après les idées.
Mais, voilà, j’y tenais à la mienne…
Et là, en courant, m’est apparue…
Non, pas une idée.
Mieux.
Une révélation !

Le Témoin Magnifique !

Cet autre auteur qui tente de me faire rebondir dans mes errements, en stase, sur ce roman en ruban de Mœbius à trois dimensions.
Lui !
Je le prends à témoin, aujourd’hui même.
Il pourra attester sur l’honneur, le cas échéant, que j’avais bien eu cette idée-là près de six mois avant de lire la nouvelle de l’autre ballot. Celui qui écrit et publie mes idées avant même que je les ai !

Du coup, je la garde mon idée et je vais en écrire ce que je voulais.
J’en ai fini avec les « hasards qui désécrivent ».

© Georges FOVEAU – Mars 2022

Note du benêt : cette mésaventure me rappelle une anecdote sur mon premier roman adulte publié : « La Marche du Nord » (in « Chroniques de l’Empire », tome 1, chez Folio SF…).
Mais c’est une autre histoire…

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