En cette date délétère du 19 août, il y a 2 ans, disparaissait dans un nuage de fumée insupportable et éphémère notre ami Harold Chambert.
Fascinant compagnon magnétique, il nous tira un dernier coup de chapeau, tragique et bien à sa façon finalement, en plein développement de nos projets créatifs initiés par Thibaud Langlumé.
Avec une générosité âpre et une fidélité anachronique, Harold en était devenu le 3° homme, inattendu et indispensable.
Depuis, Harold continue de me hanter, jour après jour, tous les jours.
Depuis, modestement, je continue de lui faire vivre nos aventures, aux détours des machiavéliques histoires de l’Homme sans Regard et de ses Vieilles Têtes à Long Chapeaux. Il en demeure le Chapelier Fou attitré, irremplaçable.
Certaines de ces chroniques auront l’heur d’être publiées bientôt, pour faire suite aux premières.
Plutôt qu’un inédit, je vous confie aujourd’hui en lignes et en paroles le premier texte de l’après, que j’ai écrit pour lui.
Un hommage rendu au 11° Festival de l’Imaginaire du Pays d’Aix, en octobre 2019, à l’occasion des podcasts produits et interprétés pour le Festival par Vincent Corlaix.
Fertile depuis l’au-delà, Harold allait ainsi par omission susciter la création des podcasts de la SVTLC, dont il aurait pu être la principale voix. (Podcastics)
Donc, voici les lignes publiées pour la première fois et les voici aussi mises en son (édition sonore en 2019).

» Celui sans Regard
La pluie se tisse un filet pour nos rêves anciens.
Et pour nos cauchemars, aussi.
Elle caresse la silhouette floue de l’Homme sans Regard, de l’Autre Côté de notre Miroir.
Sous ses vêtements obscurs, anciens et impeccables, il cache son corps brûlé. Sous son chapeau, très haut de forme, il ombre son visage have, marqué de douleurs, de colères, de mort opiniâtre et de folies.
Et d’une tendresse retenue, aussi.
Derrière ses lunettes noires au-dessus de son bouc charbonneux, il masque son regard de ténèbres désespérantes. Ses yeux sont larmes d’un cristal obscur et mouvant. Ils sont tragique noyade pour qui y sombre. Et libération parfois, aussi.
Vous ne verrez l’Homme sans regard que s’il le veut. Il apparaît comme il disparaît, derrière un arbre, derrière un pilier, derrière la Camarde cruelle.
L’Homme sans Regard combat le mal par le mal. Inhumain désormais, il exécute des monstres. Les mauvais. À la cane et à l’épée. Aux mauvais sorts, aussi.
L’Homme sans Regard est là !
Vous le voyez ?
Non.
Déjà, il s’est fondu au noir. »
In Memoriam , mon ami…
© Georges FOVEAU – Août 2021