Bruits, fureurs et tentacules à Fort Boyard !

1815 : Napoléon est revenu de l’île d’Elbe pour sauver la France et Fort Boyard est déjà construit.
Cette nouvelle fortification stratégique se trouve sous le commandement du Capitaine Eonet, un fidèle de l’Empereur jusque dans les pires batailles. Il est contraint au confinement pour attendre deux savants qui doivent étudier des restes antiques énigmatiques.

Quelle n’est pas la joie de cet officier courageux et intègre lorsque le courant lui offre son plus beau cadeau : le pire ennemi maritime de l’Empire.
Grâce à un hasard fâcheux pour les Anglais, Eonet fait prisonnier Lord Cochrane…
Las, le fort désormais connu pour son « Reality show » testostéroné cache des mystères plus terribles que les équivoques du Père Fourras !
Une menace trop ancienne pour être de notre monde. Tout comme les horreurs sadiques qui se déchaînent sur la garnison et ses alliés anglais d’opportunité.

Une originalité dans l’abîme du temps…

Toute l’originalité et l’intérêt de ce « Cochrane contre Chtulhu », toute l’habileté de Villarroel, c’est de sortir le panthéon Lovecraftien de son moule ressassé de la Nouvelle Angleterre. Et de nous le livrer, ailleurs et autrement. Tour de force que Jacques Barbéri avait déjà réalisé en projetant le lecteur dans l’univers anticipé d’un jeune et riche héritier de la Côte Ouest des États-Unis avec son « Cosmos Factory » (La Volte, 2014).

À l’inverse, Villarroel nous précipite dans le passé…
Mais pas trop loin et avec quelques accommodements historiques.
Il nous canonne dans un roman de Cape et d’Épée, avec un zeste de voiles et un peu de vapeur, aussi.
Tissé de la geste napoléonienne et des perfidies d’Albion, ce roman épique et trépidant se gorge de bruits et de fureurs, de menaces humaines et de terreurs surnaturelles, de félonies acides et bravoures insensées. D’une humanité jamais aussi soudée que face au danger.

Un roman digne d’un film d’aventure en costumes des 50’S hollywoodiennes.
On se surprend à voir feu Kirk Douglas en Cochrane et Tony Curtis en Eonet…

Un plaisir de passionné offert à tous

L’effet joue d’autant mieux que les personnages découvrent les différentes créatures cthuliennes sans en avoir jamais entendues parler. Même pas les érudits égyptologues. Le jeu des citations révélées comme pour la première fois, les références comme des découvertes prelières, les descriptions étonnées des nouveaux terrifiés hagards et les noms inventés par les protagonistes nous offrent un petit clin d’oeil supérieur du style :
« Aaaahhh, mes pov’ gars, nous…, nous on sait ! ».


Habileté d’un passionné qui gratifie ce roman d’un double atout : il fait jubiler les « cultistes » tout en étant accessible à toutes celles et ceux qui ne connaitraient ni Lovecraft ni de ses mythologies.

Comme le faisait remarquer Gromovar Wolfenheir dans sa chronique de son « Quoi de neuf sur ma pile », le style de Villarroel dans ce bouquin se caractérise par une espèce de réitérations systématiques de certaines informations. Un peu comme un motif de littérature populaire en feuilleton. Cet effet de plume m’a bizarrement un peu plus lié au livre, comme une antienne ancienne.

En revanche, je pense que les quelques lettres manquantes au fil du texte n’ouvrent sur rien. J’ai commencé à les noter… Mais ça n’a rien donné, mis à part une quête annexe motivante mais peu rentable…
Mais bon, j’y ai cru comme tout joueur de Call of Cthulhu.

L’avis d’un expert ?
Suivre le lien vers la chronique de « Quoi de neuf sur ma pile » dans le corps du texte…

Cochrane vs Cthulhu
Gilbert Villarroel
Aux Forges de Vulcain
février 2020
20 €

© Georges FOVEAU – mars 2020

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