Catastrophique, scolairement comme humainement !
Quoi ?
Mon passage laborieux dans une seconde C de haut niveau au Lycée Tiers, à Marseille, après un malencontreux aiguillage.
J’en ai définitivement tourné le dos à « l’Élite » de ma génération, « entrée sans prévenir » dans mon existence naïve.
Déjà, j’écoutais beaucoup la radio. Musiques, fictions et émissions. Encore plus de musiques. Sur toute une série d’équipements obsolètes, voire oubliés, aujourd’hui dignes de romans rétrofuturistes…
Sur cette année scolaire-là, l’accumulation des déceptions humaines me glissa dans une double transition.
D’encore petit garçon bien sage, j’inclinai d’abord vers la champêtre et généreuse Country. Elle sied toujours bien à mon âme définitivement alpine.
Avant de déraper dans le Rock tous azimuts !
Ou presque.
Mes tenues vestimentaires et ostentations capillaires en suivaient les rythmes, au grand dépit de ma grand-mère maternelle.
Je dois confesser que, jusque là, mes goûts musicaux avaient toujours été éclectiques. Mais plutôt Classique ou chansons à texte.
Pourtant en 1977 déjà, le « God save the Queen » des Sex Pistols m’avait bouleversé. Sans savoir qu’il y aurait un futur à cette émotion roque et acerbe.
Bref, tout en continuant d’écouter notes savantes ou chanteurs à mots, j’auditais polymorphe dans le « Rock ».
Pour autant, certains groupes ne passaient pas. Au grand dépit de quelques camarades de décibels.
Comme le Jazz, « Led Zep » sonnait pour moi comme un groupe de vieux. De vieux musiciens pour de vieux auditeurs. Quelque chose de long et d’ennuyeux.
Mes diverses Fantaisies Autobiographiques confirmèrent, rédhibitoires, mes suspicions !
Car c’est depuis l’orée de mes 50 ans que j’écoute régulièrement « Led Zep ».

Une révélation, par hasard, à cause d’un collègue de bureau !
Par une fin d’après-midi surchauffée, il m’appela afin de me faire regarder quelques extraits du « Celebration Day ».
Depuis ?
J’écoute Led Zep, donc, « vieux » écoutant de la musique de vieux jouée par des vieux, avec une prédilection pour quelques morceaux comme « Black Dog » ou « Kashmir »…
Et forcément, l’histoire suscite quelques anecdotes qui n’ont aucun rapport avec les excellentes chroniques de François Bon sur France Culture. Mais qui ramènent un peu de jeunesse dans ce constat post demi-siècle.
Ainsi, Poupie est devenue dès ses 3 ou 4 ans une fan de « Led Zep » !
À cette époque, elle m’obligeait à lui lire, à (longues) répétitions, un album aux contes mélangés : « La Belle et Ganesh ».
Abusant de sa puérile innocence, je lui faisais écouter « Kashmir » dans différentes versions en affirmant que cette chanson avait été écrite pour Ganesh. Et nous dansions dessus… Aux détours de ces virevoltes de tout juste quatre ans, elle répétait :
« Quand on ferme les yeux, on le voit bien Ganesh, qui danse !».

Une autre fois, alors que nous montions en voiture dans les Alpes, sans doute n’avait-elle pas encore 5 ans, j’avais mis du The Black Keys, « Turn Blue », histoire de rouler tranquille.
Poupie força la voix depuis son siège pour enfant pour me lancer :
« Papa, met l’autre musique, celle qui fait vraiment du Rock… ».
Comme quoi, jeunesse et vieillesse ne sont pas si éloignées, dans les riffs zeppelins en tous cas.
© Georges FOVEAU – Septembre 2023