Mange-pue

Fiction paranoïde : le mal est parmi nous et il ne fait que commencer

De bons débuts… pour l’été 2023 : 4/5
Un petit défi estival.
Présenter juste le début d’une fiction.
Si quelque lectrice ou lecteur s’attarde sur ces prémices et selon leur avis, peut-être que…
Bonne lecture.

« Gott weiss ich will kein Engel sein »,
Rammstein.

Paul Fürst, plague doctor of Marseilles

Partout, tout le temps, il traque la douleur.
La plus cruelle. La plus obscure des douleurs parmi les douleurs les plus violentes.
Pèlerin jouissif des souffrances les plus écœurantes. Il s’en goberge, avide. Il en est le jouet d’un besoin goinfre. Il s’en repait. Toujours dans l’ombre. Témoin voluptueux des pires atrocités. Jamais complice. Même lorsqu’il en est l’instigateur.
Il attise la jalousie, la bêtise, la méchanceté…
Même si personne n’a besoin de lui pour souffrir ou pour martyriser.
Il prise ces prémices où il glisse la première pierre dans la main des lapides de femmes, des violeurs d’enfants, des bourreaux de races et de religions.
Il sait aiguiser comme un désosseur l’envie de faire mal à n’importe qui, chez n’importe qui.
Il n’aurait même plus à sortir de chez lui s’il n’était aussi lubrique de souffrances. Il pourrait se contenter de la plus grande ombre, témoin magnifique derrière les écrans malsains dégueulant toutes les horreurs du monde dans tous les salons voyeuristes pour vendre leurs pubs.
Mais, même de vrais snuffmovies ne lui offrent pas la volupté à satiété qu’il désire.
Il adule la douleur. Il hante ses méandres tortueux en ombre impune.
Pas la sienne. Cette douleur-là, il ne la supporte plus.
Mais celles des autres…
Physiques de préférence.
Même s’il savoure de temps à autre, en succulente friandise, une terrible désespérance. De celle qui pousse aux mutilations. Les automutilations. Elles dispensent une saveur plus fine, plus raffinée que les tortures infligées par un tiers à des victimes récalcitrantes. Il se goberge de la souffrance. Les douleurs surtout de couleurs chaudes, aveuglantes, brulantes. Rouges, orangées, flamboyantes comme des soleils sanguinaires. Celles qui incendient d’abord le corps avant de ravager l’esprit en d’insoutenables paroxysmes. Celles aigres et acides qui brûlent les chairs jusqu’à l’intérieur des tripes, jusqu’à les retourner en d’amers dégueulis au vitriol.
Ou alors, si elles doivent être froides, bleues et irisées de mercures acidulés, qu’elles soient des démences extrêmes, sadiques et métalliques. Des douleurs qui découpent vicieusement d’avides d’arabesques acides, morbides et blêmes dans les chairs et les cervelles.
Il les avait toutes subies.
Ils l’avaient laissé pour mort. Il était toujours en vie.
Sa seule énergie, sa seule déraison d’exister se résument à la douleur des autres. Manne inépuisable dans ce monde qui n’a pas son pareil pour distiller les pires douleurs des plus merveilleuses personnes.
Tout souffre comme un poumon fou qui ne cesse de se sur-oxygéner en espérant une overdose qui n’arrive jamais…
Il ne souffre plus.
Il jouit des atrocités les plus ignobles, les plus insupportables, les plus injustes et les plus perverses.

(…)

© Georges FOVEAU – Mai-août 2023

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