Alter-fiction neurasthénique ironique
De bons débuts… pour l’été 2023 : 3/5
Un petit défi estival.
Présenter juste le début d’une fiction.
Si quelque lectrice ou lecteur s’attarde sur ces prémices et selon leur avis, peut-être que…
Bonne lecture.
Pour Robert ?
Vieillir ?
C’était la double peine.
Pop-corn avachi et calvitie capricieuse.
Même le noir qu’il arborait en uniforme souffreteux depuis ses 13 ans ne l’affinait plus. Il avait enflé d’un coup, au tournant d’une trentaine insipide. Comme ses potes d’avant, encroûtés dans les puddings fades de madame sur mousses tièdes de bibines ternes devant les séries Netflix.
Pourtant, lui, personne ne le gonflait au quotidien. Il boursoufflait, livide et âcre, tout seul, en écoutant toujours la même musique qu’avant. Même sans mousses. Ses pintes vagues du vendredi soir dans le dernier Pub New Wave d’une Londres engloutie sous le raz-de-marée mondialiste ne pouvaient pas susciter la moindre exubérance physique…
Quant à sa fameuse crinière en épi qui explosait en acerbe feu d’artifice de Ténèbres sur l’acide ajonc obscur de son corps affamé ?
Il en restait quatre ou huit tifs, qu’il allait finir par perdre, à force de les crêper avec une brosse en poil de sanglier plongée dans une solution de bière, de sucre et de gel.
Du beau ténébreux en profil de marque-page maniéré pour manuscrit maudit, il restait une espèce d’oursin obèse hérissé au hasard de piques anémiques.

Sa seule consolation ?
Robert Smith avait, désormais, deux vraies raisons d’afficher ce désespoir blasé dont il se paraît depuis l’adolescence.
Triple peine même. Toujours plus moqueuse…
Il avait bien fini par devenir le presque clone de son idole corbeau de toujours qui n’avait plus non plus ni corps beau ni crinière obscure. Juste les frisotis décatis en berne en moins.
(…)
Post-scriptum : ce début est né sur le fauteuil de mon coiffeur, Kevin de « Space Invader » à Aix-en-Provence, dont la faconde et les passions musicales sont légendaires… Nous parlions Punk, Rock et… Robert Smith, le vrai, pas celui de ce début grasseyant…
Décrire la décrépitude physique d’un morose « Nœud vave » désespéré par cet état grotesque à l’opposé de ses canons physiques…
Ambiance désespérance…
© Georges FOVEAU – Mai-juillet 2023