Roman noir/Thriller apocalyptique « french touche »
De bons débuts… pour l’été 2023 : 2/5
Un petit défi estival.
Présenter juste le début d’une fiction.
Si quelque lectrice ou lecteur s’attarde sur ces prémices et selon leur avis, peut-être que…
Bonne lecture.

Un dimanche soir. Blasé. De toute éternité.
Sur le bord de la route, le vieux Gédéon les attendait, dans le virage, à côté de l’ex-voto pathétique qui indiquait depuis 17 ans l’endroit où son fils s’était tué en moto, après un bal trop arrosé.
Plus loin, sous un ciel d’orage qui retardait la décharge, se profilait le monument aux morts célébrant les deux seules guerres mondiales reconnues du XX° siècle.
Lorsqu’ils descendirent de leur puissante berline allemande pour se diriger vers le vieux paysan, une grosse goutte de pluie s’écrasa mollement, avec un « ploc » provoquant, sur la main du conducteur.
Il murmura :
– Bon, beh au moins, on est sûr qu’il est déjà là, là…
Rugueux, Gédéon haussa les épaules sous son regard maussade, vestige d’un passé belliqueux occulté. La fente aigre sous son nez rapace marmonna :
– Comme que ce soit… C’est pas le temps qu’y z avaient prévu à la météo d’Paris…
Il mâchait un drôle d’accent, pas vraiment du coin… Mais d’ailleurs. On ne savait pas dire d’où…
Rhodin ne supportait pas l’aridité. La sécheresse. Pas les vertus humaines. Mais les aberrations météorologiques. Dès qu’il était arrivé, il l’avait sentie. Jusqu’à suffoquer. La végétation se distordait de soif. La terre s’essoufflait de poussière. Le vent s’épuisait à ne plus rien assécher.
Rhodin n’avait pas pu s’en empêcher. « Ça » l’avait submergé.
Debout derrière la verrière qui bouclait la tourelle du manoir qui dominait le village sur sa colline de pierrailles stériles, il sirotait un verre frais de son hydromel. Il l’avait amené avec lui. Il s’apaisait à regarder le ciel s’épaissir. Bas et lourd, de plus en plus sombre, il pesait comme un couvercle sur les tuiles sanguines ou ocres, décolorées par le soleil tyrannique de ce sud de France.
Rhodin avait vu la voiture arriver.
(…)
Post-scriptum : début suscité par un soir d’orage décevant où la pluie aurait été vraiment bienvenue…
© Georges FOVEAU – Mai-juillet 2023