Je n’ai jamais vraiment été un fan de Patti Smith…
À part pour « Because the Night », because the Boss…
Je n’ai pas vraiment suivi toutes ses dernières pérégrinations autour de Rimbaud. Et, même si tout le monde s’y attend, je ne ferai aucun jeu de mots musclé avec Rambo.
Et puis, totalement par hasard, j’ai emprunté à la volée sur un présentoir de la Méjeane « Rien que des gamins ». Un extrait à 2 balles de son autobiographie partielle « Just Kids ».
Pourquoi ?
Parce que 3 jours plus tôt sur FIP, Shani Diluca avait récité quelques mots de Patti Smith. Sur ses origines pastorales. Je ne me serai jamais attendu à trouver ses mots là et ses sentiments-là sous ses bottes-là et ils m’ont touché.
Touché.

C’est bien le mot qui me reste après la lecture hypnotique des quelques pages de « Rien que des gamins ».
Patti Smith y raconte sa rencontre et son idylle avec Rober Mappelthorpe. Avec simplicité et sincérité, cet amour qui les conforte dans leurs vocations de créer. Avec une honnêteté crue et touchante, toute cette misère, toutes ces misères, qu’ils affrontent et accumulent, avec la création comme seule protection.
Patti Smith est terriblement touchante. Tellement. Et fascinante, soudain.
Alors, je me précipite dans la lecture de « L’année du Singe »…

Et là, autres causes, mêmes effets.
Impossible de lâcher ce petit opuscule psychédélique où la déjà vieille dame du Rock et de la poésie se transforme en éternelle Alice sans repos.
Patti marche, voyage, raconte, écrit et vit. Comme vivent les personnages de Carlos Castañeda. Dans un petit livre tripal, émouvant et un tantinet surréaliste. Le « réel » s’y fond à la frontière du rêve, où se mêle en évidence l’auto-biographie nue et crue avec la vie rêvée de Patti.
Elle traverse cette année 2016 comme en odyssée de Poucet, droite dans ses bottes, avec pour cailloux les pierres tombales de son mari, de son frère, de ses parents, de ses amis et pour corde de violon douloureuse la lente agonie de Sam Shepard.
Touchante encore par toute cette culture qui la hante, des retables des Van Heyck aux apocalypses de Bollaño. Comme elle hante son Amérique, une vivante ignorée que seuls les fantômes et les fantasmes reconnaissent et sollicitent.
Et, toujours, pour chaque mots, effleurant au cœur avec une légèreté de Léthée.
(À suivre…)
© Georges FOVEAU – Juillet 2023
Et pour en avoir un peu plus entre les oreilles :
– « Just Kids » in french, extrait,
– « M. Train » by Patti herself, extrait,
– et parce que c’est peut-être la nuit…