3° et dernier épisode :
Où ça défouraille dans la ferraille des souvenirs que certains germanopratins voudraient salir…
Au grand dépit silencieux d’incertains.
Bref, oublions un tantinet l’intrication intimes des lignes de fictions et des vécus…
Revenons donc à notre Chablis et à nos souvenirs de chenapans montés sur roulements à billes de récupération, devançant d’une courte palette la marée des planches à roulettes dotées de trucks sophistiqués.
Du coin de l’œil, je repère un couple qui s’intéresse sans y toucher aux anecdotes façon « mains dans le cambouis » que nous échangeons avec Mercado…
Plutôt bien mis, un tantinet branché dans le look. Très intello de gauche…
Et je repère avec l’œil du pro en quête de l’éclat métallique qui rapporte qu’à murmures bas, la femme essaie d’inciter son homme à prendre part à la conversation…
L’auteur en question serait-il à la recherche de quelques anecdotes typiques et vécues pour un roman en chantier autour d’un univers qu’il ne connait pas ?
Non.
C’est finalement madame qui s’y colle :
– Il n’ose pas vous le dire parce que dans le monde que nous fréquentons habituellement ce ne serait pas bien vu, mais lui aussi, il connait…
Et le monsieur de se rapprocher et de confesser discrètement sur le ton de la honte intimée par le regard des autres, de ceux qui viennent de droit à la Culture :
– Moi aussi, mon grand-père était ferrailleur…
Et, le voilà, lui aussi, à évoquer à mots bas et émus des souvenirs précieux, d’huile et de boulons de récupération, de roulements à billes véloces et de jeans psychédélisés au cambouis. Madeleines de Proust rutilantes de cuivre et moelleuses de 15/30, dissimulées sous la fallacieuse apparence sociale si dictatoriale, là-même où l’on croit les gens plus ouverts, plus intelligents, plus tolérants : la Culture et de la République des Lettres.
Oubliée la chemise blanche au col pas tarte, les petites lunettes rondes cerclées de noir pour faire intello créatif, la coupe soigneusement discipliné du mi-long artistique en minivague civilisée…
Un partage de cœurs à cœurs en pièces détachées et quelques vis cruciformes douloureux, sous le sourire bienveillant de l’égérie de cette confession bienfaisante.
Bientôt oubliée pour retourner aux trompettes plus policée de la renommée.
Si étriquées.

Pourtant, les anecdotes des ferrailleurs ne meurent jamais. Et, dans ces lettres si chères à mon grand-père en tous les cas, ils jouent les héros fondateurs.
Ainsi, c’est en racontant à ma façon une petite histoire tout à fait authentique qu’a germé l’idée de Vincent Corlaix pour son podcast de la SVTLC : « Maulwülflein ».
Un épisode qui couronne un texte encore en écriture qui se déroule quasiment un siècle plus tôt.
CQFD comme aurait dit à la casse n’importe quel Géo Trouvetout devant un étalage de pièce détachées indispensables.
© Georges FOVEAU – Mai 2023