Ecrire : Ferrailleurs, héros fondateurs ? La nostalgie des origines… 2/3

Dans ce deuxième épisode, un peu plus de ferraille littéraire avec un extrait de mon best-seller jeunesse dûment inspiré de mon enfance rouillée…

J’aurais d’autant plus honte de m’en cacher, des ses origines rouillées, que c’est effectivement essentiellement de mon grand-père maternel, ancien mécano-carrossier devenu ferrailleur que je dois ma passion de la lecture.
Tant pour apprendre que pour me divertir.

Fieffé bouquineur, lorsqu’il allait débarrasser les ferrailles et autres drouilles inutiles à quelque endroit, le brave homme avait toujours le beau-geste de débarrasser gracieusement les clients des cartons de livres qui ne valaient rien…
Après tout, à « L’Époque », il y avait du plomb dans les Belles Lettres.

Cette passion de la lecture m’amena, avec beaucoup de naïveté et de présomption, à prendre la plume pour tenter quelque originalité de sujets et de styles, plutôt que de récupérer ou recycler ce que j’avais lu…

À l’instar du regretté Mercado, je ne fais moi-même mystère de cette parenté avec la ferraille que…
Dans mes polars jeunesse et en particulier dans « Mystère Chinois au Panier », paru en octobre 2 000, chez les tout autant regrettées éditions Rouge Safran, sous la généreuse et bienveillante direction d’Henri Lopez.

Ce qui ne m’empêche pas de « ferrailler » dans mes lignes.

Illustration de couverture © Laurent André

Mais avec mes souvenirs personnels, comme dans la description du jardin des grands-parents d’Albert Leminot, hérissé de ferrailles rouillées échouées dans des vagues de spigaous.

« En attendant d’être emporté sur le souffle épique du mystère, Albert reste soigneusement à l’ombre du figuier. Il empile quelques roulements à billes, quelques petites barres de fer, des brisures de mécaniques inutiles. Le jardin de sa grand-mère est un véritable trésor pour bricoleur néophyte. Sur l’herbe rare, parmi quelques spigaous d’un vert encore tendre, ce n’est qu’un champ de bataille déserté où s’enchevêtrent les moteurs éventrés, les boites à vitesses répandues, les essieux déformés et, çà et là, des dépouilles plus importantes : une aile de deux-chevaux, un capot de 404, l’arrière d’une “4 L” planté dans la poussière et transformé en cabane à outils.

Comme des pions d’échec trapus disséminés sur un cimetière de voitures, plusieurs grands bidons se tiennent au garde-à-vous près de la maison. Les uns contiennent des amas de boulons, d’autres du cambouis, un dernier de l’huile de vidange, obscure. Elle miroite au soleil comme une pierre précieuse liquide qui contraint tous les cauchemars de la nuit et qu’un reflet d’arc-en-ciel traverse parfois.

La rouille est le seul souvenir de l’or que le grand-père d’Albert prétendait avoir caché dans la fosse à vidange. Son grand-père était décédé à la sortie de l’hiver d’une longue maladie qui paralysait son corps massif d’ancien catcheur. Il avait été carrossier. Malheureusement, son petit garage de quartier avait mal supporté la crise économique. Il était devenu ferrailleur. Puis la maladie l’empêcha de continuer à soulever des poids trop lourds. Il s’était reclus dans son bureau pour lire tous les livres qui lui tombaient sous la main… »

(« Mystère Chinois au Panier », une enquête d’Albert Leminot, Rouge Safran, octobre 2 000).

Bref…

À suivre…

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