Sur les 3 lundis à venir, je vous propose de nous retrouver autour de l’Écriture.
Le thème ?
« Et si les ferrailleurs étaient des héros fondateurs ? »
Au moins pour une part de mes modestes lignes de fiction, quelque peu boulonnées de cambouis intimes…
Une alchimie créative qui transforme le plomb en cuivre, sinon en or.

La disparition du sympathique et truculent Patrick « Nounours » Mercado, il y a quelques semaines, m’a profondément attristé.
Elle a aussi réanimé plusieurs souvenirs.
De petites choses, acidulées, si importantes. Elles gisaient dans l’arrière-cours précieuse de mes souvenirs somnolants.
De toutes petites choses, donc.
Tout autant intimes que littéraires.
Les deux registres se mêlent inextricablement pour moi, dès l’origine, un peu comme dans une bobine de fil de cuivre, en indébrouillables colimaçons rouille, toujours prompte à emballer les convoitises, les énergies ou les souvenirs.
Toujours prompte à s’emballer.
Inextricablement, donc.
Une manière d’explication ?
Fin octobre 2018, à l’occasion de la sortie de l’excellent recueil collectif « Marseille 3013 », sous la houlette du sémillant Patrick Coulomb, chez Gaussen, je confiais à Cédric Fabre pour « Usbek & Rica » :
« Enfant, j’étais hanté par cette prophétie de Nostradamus : elle prédisait la submersion de Marseille… Enfant toujours, mon grand-père maternel m’a transmis la passion de lire. Il était… ferrailleur. Et si j’écris, c’est parce que j’aime lire. J’ai donc provoqué une gigantesque inondation irrémédiable. Afin que les ferrailleurs s’élèvent enfin au rang de héros civilisateurs, dans un monde où le cuivre devient plus précieux que l’or ».

Indubitablement meilleur ferrailleur que marin, je suis sans doute plus visionnaire pour le cuivre que pour l’inondation. La sècheresse persistante incline à croire que la prochaine marée à engloutir Marseille sera plutôt de sable.
Mais nul n’est prophète en son pays et j’en sais déjà quelque chose quant à mes lignes.
Et puis…
Tiens, d’ailleurs, il pleut…
Bref.
Pour en revenir au bon Mercado et aux ferrailleurs assoiffés, je le rencontrai pour la première fois chez Maître Jean-Hugues Oppel, dans la première dizaine du 21° siècle ou juste après.
Nous y dinions d’un exceptionnel Chablis légendaire sur côtelettes de Roman Noir.
Brut de décoffrage aux finesses explosives, Mercado parlait très à l’aise de sa vie, de ses origines et de sa parenté avec ces « pros » de l’aimant et du pied à coulisse qui, depuis longtemps déjà à « L’Époque », avaient compris que le cuivre valait et vaudrait toujours bien plus qu’un « copper ».
À suivre…
© Georges FOVEAU – juin 2023