Fantaisy Autobiographique 07 : Couché de bonne heure, dans la position du marque-page

Comme il l’écrivait, l’autre, là, à sa Madeleine :
– Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

Mais…
Mais, je ne dormais pas.
Non.

Oh, pas par crainte d’être hanté de cauchemars.
Pas par peur des monstres, tapis sous le lit ou dans un recoin du cagibi…

Non.

Dans mes draps, j’attendais les rêves d’entre les couvertures. Pas les miennes. Celles des livres.
Dès 10-11 ans, j’ai commencé à lire… Loin dans la nuit, à la lueur intime d’une fluette lampe de chevet.
Pas besoin de la lampe de poche et de la planque de draps tirés sur la tête, comme ma fille le fit dès ses 4 ans, pendant la sieste.
Non, point besoin de stratagèmes.
En plus, dans ma famille, lire était une qualité.
En plus, ma grand-mère maternelle si dévouée s’endormait bien avant moi, devant la télé déjà.
En plus, mon frère et moi faisions chambre à part. Je pouvais ainsi lire jusqu’à des heures indues…


Longtemps, je me suis couché de bonne heure, je lisais beaucoup et tard.
Et je dormais bien.

Longtemps, au mois de février, je « faisais » une semaine d’angine qui m’éloignait des obligations scolaires et que je passais, au lit, à lire du Camus et des « Harry Dickson », ceux de Jean Ray.
Il m’arrive de penser que ces maladies cycliques étaient volontaires. Juste pour passer quelques journées à bouquiner, après les fièvres intenses dont les puissant délires puisaient dans les lignes avalées juste avant ou dans les envolées lyriques d’un bouquiniste pirate qui fit mon éducation dans les Mauvais Genres, les noirs, les vénéneux, les étranges…
Mais, c’est, au moins, deux autres histoires…

Longtemps, j’ai lu de bonne heure…
Et tard…

© Georges FOVEAU – avril 2023

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