Fantaisy Autobiographique 001 : « Petit gros »

Longtemps, j’ai eu cette chance de n’être qu’un petit gros.

Une chance ?

Oui.

Comme j’avais la forme du ballon rond et l’inertie d’une cage de but, je ne me suis jamais intéressé au foot. Je dois être le seul vrai Marseillais, poussé sur les docks, à ne pas même savoir comment on « joue au ballon ».

Du coup, je marchais et…
Je lisais.
Beaucoup.Trop.

Même pendant les récréations.

Car, comme j’avais justement la forme de leur ballon, les camarades ne me cherchaient jamais pour jouer au foot.
Je me souviens de moments délectables, école primaire de Bois-Luzy, avec son préau des jours de pluie, son bureau du directeur en haut des escaliers d’entrée, façon maison de garde-barrière. Une école communale surannée, comme celles des Jouef HO sur les vieux trains électriques.
À l’ombre de la haie de buis drue qui voilaient pudiquement d’un vert costaud les stalles bétonnées en ligne pour besoins naturels, je lisais pendant que d’autres s’ébattaient, s’em-ballaient… et se battaient.

Un jour à la récréation, je lisais un énième « Fantômette ». Ma première vraie série policière sérieuse. La justicière masquée de Georges Chaulet (notez la synchronicité des prénoms…) m’a accroché aux lignes juste avant « Le Mystère de la Chambre Jaune ».

La seule Fantômette dont je suis l’auteur, au Festival de l’Imaginaire, en 2016.
Rdv le 15 octobre à Saint-Cannat.

Ce jour-là, donc, un camarade un peu plus attentif que les autres vint me prévenir avec bienveillance :
– Déjà que tu joues pas au foot, lis pas des livres de filles, au moins…

J’avais la chance alors d’être juste un petit gros primaire qui lisait des livres de filles…

Puis je suis entré au collège.
Et…
Je suis devenu un petit gros… À lunettes !

Mais ceci est une autre histoire.
A suivre.

Peut-être…

© Georges FOVEAU – septembre 2022

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