À défaut de brin de muguet, permettez-moi de vous offrir un brin de cocasse.
Au début du XIX° siècle, un cambrioleur abracadabrant défraya la chronique bien avant que Marius Jacob ne devint Arsène Lupin…
Après avoir été marin sur dans les gréements de bateaux à voiles qui péchaient loin sans phares, Émile Borne mit son agilité au service de plusieurs théâtres de la Ville-Lumière.
Escamoteur de décors et âme des apparitions surprises, il incarnait le Deus Ex Machina des cintres.
Las, Émile ne devint pas pour autant costumier.

Mais, dans les tripots de Montmartre, Émile trouva deux ou trois monte-en-l’air pour lui élever les idées.
C’est ainsi que se noua son destin.
Avec son habileté au grappin et aux cordages, il avait un bel avenir de flibustier des balcons, de funambule des balustrades. Habile en ganses, filins et baudriers; vif à prendre la poudre d’escampette par les toits; à filer la métaphore de l’araignée le long des gouttières…
Émile parvint à garder son anonymat acrobate au fil de ses cambriolages…
Jusqu’à ce qu’il soit dénoncé par un complice, mis sur la touche stable du plancher des vaches, à cause d’un penchant pour la bibine qui rendait la cambriole filaire hardeuse.
Furieux de ne pas avoir été encordé sur un gros coups juteux, le judas balança, pour une somme dérisoire, notre funambule des fortunes.
La presse à sensations apprit que le monte en l’air téméraire était originaire de Grenoble.
C’est ainsi que naquit la traque à suspens de celui qu’on surnommait désormais :
« Le Grappin Dauphinois ».
© Georges FOVEAU – avril 2021